Marché européen
C’est le jour J pour les opérateurs des marchés des matières premières agricoles. Le bras de fer commercial entre Pékin et Washington prend une nouvelle tournure ce jeudi, alors que Donald Trump et Xi Jinping se sont rencontrés vers 5h du matin (heure française) à Séoul. L’enthousiasme autour d’un possible accord s’est déjà fait sentir sur les marchés, avec une vague de rachats initiée par les opérateurs financiers américains, apportant un soupçon de fermeté à l’ensemble des cotations mondiales depuis le début de semaine. Reste désormais à attendre les conclusions pour confirmer ou non les attentes.
Les offres européennes, et notamment françaises, ont profité de la dynamique américaine pour atteindre des niveaux inédits depuis plusieurs mois, à l’image de la zone des 193 €/t sur Euronext. Toutefois, ce niveau ne favorise pas le commerce, car l’offre hexagonale tend à se marginaliser sur la scène internationale. L’écart de prix entre le blé français et le blé argentin atteint son plus haut niveau depuis 2021, ce qui n’augure rien de bon pour la dynamique exportatrice du blé français. De son côté, l’offre russe s’affiche à 233 $/t, soit seulement 5 $/t au-dessus du blé français.
Sur le terrain, les semis progressent dans l’Hexagone et les conditions restent globalement favorables, avec quelques précipitations qui facilitent la levée des premiers emblavements. La question de l’augmentation des surfaces reste posée, et la météo des prochains jours permettra d’affiner les estimations.
Le colza, quant à lui, est parvenu sur l’échéance de Février à repasser au-dessus de la zone symbolique des 483 €/t, soutenu par le soja américain mais aussi par le tournesol. En cause : les récoltes ukrainiennes, ralenties par les pluies, ce qui pourrait réduire drastiquement le potentiel de rendement dans le pays.
Marché américain
La journée s’annonce particulièrement volatile sur les marchés américains. Alors que Donald Trump a quitté Séoul en se déclarant satisfait de sa rencontre avec son homologue chinois, aucun détail n’a pour l’heure filtré de cet échange. Après l’achat de plusieurs cargaisons de soja américain par Cofco notamment, les opérateurs de ce marché ont largement intégré la nouvelle ces derniers jours. Désormais, l’attente d’un accord solide entre les deux parties plonge les marchés dans une certaine opacité.
L’opacité reste le maître mot des derniers jours, d’autant plus que le « shutdown » est toujours en vigueur. Il est difficile pour l’ensemble des opérateurs d’accéder aux données, en particulier pour les économistes. Cela s’est d’ailleurs ressenti dans le discours du président de la FED hier, qui avance avec prudence face à l’absence de données officielles. Powell a d’ailleurs déclaré qu’une nouvelle baisse des taux en décembre n’était pas certaine et que les opinions restaient très divergentes. En ligne avec les attentes, une nouvelle baisse de 25 points de base a tout de même été enregistrée cette semaine.
Les opérateurs financiers jouent un rôle majeur dans l’évolution des cours ces derniers jours. Alors qu’ils détenaient une position nette vendeuse importante sur les grains, ils procèdent peu à peu à des rachats afin de réduire leur exposition au risque en cas de vague d’achats de la Chine.
Marché mer Noire
L’activité de trading sur les contrats à terme CME Black Sea Wheat (Argus) CVB a repris mercredi, après une accalmie ces dernières semaines liée notamment au manque d’activité physique.
Le contrat de mars 2026 a été échangé à deux reprises, dans le sillage d’un rebond sur les marchés à terme du blé. Un total de 20 000 tonnes (soit 400 lots) a été échangé, à des prix de 235 $/t et 234 $/t.